9 octobre 2008

L’Afrique est en bonne santé. Il serait malvenu cependant de dire que tous les maux du continent se sont évaporés. Dans l’imaginaire collectif, l’Afrique est encore bien souvent synonyme de mort, d’épidémies, de mortalité infantile, d’espérance de vie très faible. Quelles en sont les raisons et quels sont les moyens pour les combattre ? Aujourd’hui, de nombreux programmes de développement sont mis en place et des signes d’amélioration, d’un bout à l’autre du continent apparaissent. 

Après l’indépendance de la majorité des pays africains, la santé, avec l’éducation, faisait partie des priorités des gouvernements postcoloniaux. Ces secteurs ont d’ailleurs connu des périodes fastes jusque dans les années 70, avec de gros investissements dans la formation du personnel de santé notamment. Durant ces périodes, de nombreuses questions concernant l’équité et l’accès aux soins étaient posées. Au fil des années, les priorités ont changé, et peu d’améliorations ont été visibles, exception faite des années 2000.
C’est devenu aujourd’hui un des grands défis auquel doit faire face le continent : l’équité de l’accès au service de santé. 

En 2008, des statistiques attestant de cette bonne santé, il en existe beaucoup. Parmi elles, le taux de mortalité infantile est tombé de 145 pour 1000 en 1970 à 86 pour 1000 en 2008. Le taux de mortalité des enfants âgés de moins de 5 ans a également baissé de 17 entre 1990 et 2003. 

Le SIDA, le paludisme, la lèpre ou encore la tuberculose, sont autant de maladies où l’Afrique arrive en tête du nombre de victimes. La difficulté d’accès aux soins, la vétusté des installations et le prix des médicaments sont des facteurs majeurs de cette situation. Mais l’un des véritables problèmes, il est d’ordre humain. Comme dans une majorité de professions, le secteur médical souffre de l’exode de ses meilleurs éléments.
De nombreux pays, conscients de cette réalité ont décidé de mettre en place des programmes intelligents pour parer à cette désertification des médecins.
On dit au Malawi, qu’il y a plus de médecins malawites dans la ville de Manchester en Angleterre que dans tout le pays. Le Malawi a donc lancé une campagne de séduction pour retenir ces professionnels si importants. Augmentation des salaires, amélioration des conditions de travail, autorisation d’exercer dans le secteur privé tout en travaillant dans le public, etc. Le succès de ces mesures n’a pour l’instant pas donné entière satisfaction. De toute façon, il est impensable d’imaginer l’interdiction de la migration vers le Royaume-Uni, pratique traditionnelle du pays. C’est donc du côté britannique que peut venir une solution. Tout en tentant de conserver leurs intérêts mutuels, les gouvernements ont instauré des échanges bilatéraux de spécialistes.
Le Malawi a récemment obtenu du Royaume-Uni, une aide de 176 millions de dollars pour la période 2007-2011. Une manne financière qui doit permettre notamment d’augmenter les salaires en début de carrière et à rémunérer les infirmières et autres médecins venus d’autres pays, le temps pour le Malawi de former de nouveaux personnels. 

C’est aussi dans les relations Sud-Sud que des solutions existent. Des partenariats ont été signés dernièrement entre l’Egypte et le Nigéria et entre la Tunisie et l’Afrique du Sud. L’Etat de Bauchi au Nigeria vient d’annoncer son intention de recruter une trentaine de médecins égyptiens pour répondre au fort besoin de personnel médical qualifié. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du Fonds égyptien pour la coopération technologique avec l’Afrique. Le gouvernement de l’Etat ne se chargera que des frais de fonctionnement, de logement et de transport des médecins, tandis que leurs salaires seront payés par leur propre gouvernement. 

La délégation de médecins égyptiens, au nombre d’une trentaine, comprendra des spécialistes de la chirurgie générale, des gynécologues ou encore des pédiatres.
Ils viendront exercer au Nigeria pendant une période allant de deux à trois ans. L’Egypte est un des seuls pays africains à disposer de davantage de médecins que le pays en ait besoin, d’où cette possibilité d’en expatrier un certain nombre. Leur qualification doit également permettre de former du personnel médical nigérian sur place. 

L’accord entre la Tunisie et l’Afrique du Sud est encore plus probant. Il doit permettre à quelque 200 médecins tunisiens de s’expatrier. Des généralistes, des spécialistes, des infirmiers et des formateurs d’infirmiers venus de Tunisie on ainsi commencé à exercer en Afrique du Sud. L’accord entre les deux pays prévoit aussi la mise en place d’un réseau d’échanges entre leurs facultés de médecine et autres instituts de recherche, entre hôpitaux et écoles de formation de personnel soignant et paramédical. Le dispositif se double donc d’une coopération universitaire et ouvre même des possibilités de partenariat entre les industries pharmaceutiques.

 

S’il est une maladie que l’on associe systématiquement à l’Afrique, c’est le SIDA. Il faut dire que les chiffres, pour une maladie qui a à peine trente ans sont catastrophiques. La difficulté d’accès aux soins et leur coût, ont souvent contribué à l’ignorance des malades. Près de 90% de la population séropositive ignore porter le virus. Mais une fois encore, des progrès considérables ont vu le jour. L’Ouganda, considéré en Afrique comme un modèle dans la lutte contre le VIH, est parvenu ces dernières années à traiter près de la moitié de ses patients séropositifs avec des antirétroviraux.
Ces traitements,
désormais disponibles à une plus grande échelle, devraient encourager davantage de personnes à demander un dépistage. Une avancée considérable sur le continent[1]. Ce résultat, encore inimaginable il y a quelques temps, on le doit à un programme gouvernemental de formation des infirmières. Victime comme ses voisins de la migration dont il était question précédemment, l’Ouganda a misé sur ses infirmières pour qu’elles accomplissent à la place des médecins, des actes réservés jusqu’alors à ces derniers. 

Toujours dans l’optique de pallier ce manque d’effectif, d’autres pays comme le Botswana ont investi dans des programmes de soins communautaires à domicile. L’idée est simple mais terriblement efficace. Des professionnels de la santé se déplacent dans les familles de malades et y dispensent des formations basiques dans lesquelles ils enseignent comment soigner leur parent malade, ou encore comment éviter la transmission du virus. En plus de cette formation, ces familles reçoivent chaque mois des fournitures médicales de base ainsi que des vivres. C’est seulement en cas de problème ou d’aggravation de la maladie que la famille doit se rendre dans le centre de santé dont elle dépend. 

Des progrès, il en existe concernant toutes les maladies en Afrique. Au palmarès de ces succès africains relevés par l’OMS, figurent la lèpre et la poliomyélite qui sont en passe d’être éradiquées. Des maladies de l’enfant, comme la rougeole ont vu leur nombre de décès diminué de plus de 50% depuis dix ans. Dans trente-sept pays, le taux de vaccination contre cette maladie dépasse souvent les 60%. La prise en charge de la femme enceinte, souvent délaissée, a été mise en avant. 70% des femmes d’Afrique sub-saharienne bénéficient au moins d’une consultation prénatale, phase essentielle de la préparation à l’accouchement, mais aussi dans le dépistage de maladies contagieuse de la mère à l’enfant. 

Le paludisme, ou malaria est un autre fléau de l’Afrique. La maladie du moustique tue chaque année 800.000 enfants âgés de moins de cinq ans. Une fois encore, l‘UNICEF fait état de progrès considérables dans la lutte contre cette dernière. La Directrice générale de l’UNICEF, Ann Veneman a rappelé dernièrement que « maîtriser le paludisme est indispensable dans les efforts pour améliorer la santé de l’enfant et faciliter le développement économique des pays touchés ».
Trois raisons principales ont contribué aux progrès enregistrés. L’utilisation croissante de moustiquaires imprégnées d’insecticides est l’une d’elles.
Leur production annuelle est passée de 30 à 63 millions entre 2004 et 2006. En effet, 16 des 20 pays de l’Afrique subsaharienne disposant de données dans ce domaine ont triplé l’utilisation de ces moustiquaires depuis 2000. A présent, la moitié des enfants de Gambie en disposent, de même que 40% des enfants de Sao Tomé et Principe, de Guinée-Bissau et du Togo. Des statistiques pour le moins encourageantes et qui laissent pressentir des résultats encore plus spectaculaires dans les prochaines années. Si le vieil adage, « mieux vaut prévenir que guérir » continue de prévaloir, il convient néanmoins d’intensifier les efforts en ce qui concerne le traitement des personnes déjà affectées par la maladie.
La polythérapie à base d’artémésinine, une méthode réputée plus efficace a été adoptée par une majorité d’autorités médicales des pays de la région et les résultats ont semblé confirmer son efficacité.
De son côté, la communauté internationale a multiplié par dix l’aide financière qu’elle fournit à la région.
Une dynamique qu’ont suivie les pays concernés, en consacrant des budgets toujours plus importants au financement des programmes de lutte contre ce fléau. 


Des signes tangibles d’amélioration de la santé en Afrique, en voici d’autres pêle-mêle. 


Au Mali, des systèmes de partage des coûts communautaires ont permis de doter plus de la moitié des centres de santé communautaires du pays de personnels qualifiés capables d’accoucher et de pratiquer des césariennes d’urgence, offrant ainsi des soins obstétricaux à des milliers de femmes qui n’avaient pas auparavant les moyens d’y avoir accès. 

Autre initiative, en Afrique du Sud, où un « train de la santé » transporte régulièrement des jeunes médecins et des étudiants en dernière année de médecine vers des zones rurales isolées qui n’auraient sans cela aucun accès à des services médicaux de base. A ce jour, ils ont apporté des soins de santé à 500.000 personnes et procédé à un dépistage et à des activités d’éducation dont 800.000 autres ont pu bénéficier. 

Autre cause majeure du nombre de décès en Afrique, les accidents de la route. En plus des infrastructures d’un autre âge dans biens des régions, il convient d’ajouter l’inconscience de certains automobilistes. Au Rwanda, une campagne de sécurité routière menée par la police et prévoyant notamment l’émission d’amendes pour la conduite sans casque ou sans ceinture de sécurité, a entraîné une diminution de près d’un quart du nombre des décès dus aux accidents de la route en une seule année. 

Et puis, il y a les fameux « murs éducatifs »[2]. Aux quatre coins du continent, souvent à proximité des hôpitaux, mais pas seulement, de longs murs sont habillés de dessins colorés, un peu enfantins, et informent les passants de ce qu’il convient de faire pour éviter les maladies ou les guérir. Ainsi, concernant le SIDA, il est rappelé l’utilisation obligatoire du préservatif. L’abstinence est également conseillée. Mais c’est surtout un moyen de sensibiliser les plus réfractaires aux hôpitaux de venir les fréquenter car bien souvent, sans qu’ils le sachent, des solutions existent pour les guérir. Ces campagnes de communication sont essentielles dans l’optique d’une amélioration significative de la santé en Afrique. Axées sur l’image, du fait d’une population souvent analphabète, et un temps volontairement choquantes et agressives, ces campagnes ont laissé place à d’autres plus ciblées sur la prévention avec des slogans tels que « La femme donne la vie, protégeons-la du sida », ou encore « Dépistons-nous pour une existence meilleure ». 


Alors oui, l’Afrique se soigne mieux. Oui, l’Afrique fait son maximum pour quitter la dernière place des indices de santé à laquelle elle est vissée depuis des lustres.
Reste que le paludisme, le SIDA ou encore la tuberculose continue de décimer une population malgré des politiques publiques plus offensives. Jusqu’à présent épargnée par ce qu’il convient de nommer maladies occidentales commet peuvent l’être le cancer, le diabète, l’accident vasculaire cérébral ou les cardiopathies, il n’en est plus rien aujourd’hui, le nombre de leurs victimes augmentant chaque année.
Le Dr Luis Gomes Sambo, directeur du bureau régional de l’Afrique de l’OMS, exhorte les gouvernements africains et leurs partenaires «à mieux coordonner la prestation des soins et à faire en sorte que les fonds soient utilisés de façon responsable au profit des Africains». Une manière peut-être de laisser penser qu’ils ne le seraient pas systématiquement à ce jour.


[1] Plus de 800 000 Africains reçoivent maintenant un traitement efficace contre le virus alors qu’ils étaient huit fois moins en décembre 2003 

[2] voir en fin de chapitre 

Un continent très courtisé.

9 octobre 2008

Klondike, Yukon, Gold Hill. Tous ces noms nous replongent indubitablement vers les classiques des westerns américains. La ruée vers l’or a ouvert les yeux des hommes sur la richesse du sol qu’ils foulent. Au courant du XXème siècle, ces lieux mythiques ont été progressivement remplacés par Johannesburg, Bonte au Ghana ou encore Morila au Mali. Les colons européens ont vite pris la mesure de l’extraordinaire diversité du sous-sol africain. Mais réduire l’Afrique à ses seules mines d’or serait un grave manquement ca le continent dispose d’un peu près tous les minerais existants sur
la planète. De la bauxite au diamant en passant par l’uranium, le cuivre, l’argent et le pétrole. 

L’Angola,
la Guinée Conakry, le Gabon, la République démocratique du Congo, le Nigeria et l’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire et le Cameroun sont probablement les pays les mieux dotés du continent. 

Les ressources sont exploitées majoritairement par des grandes multinationales souvent occidentales. Elles sont régulièrement dénoncées comme contribuant à la paupérisation des populations autochtones. Et pourtant la donne est en train de s’inverser. De plus en plus de pays ont désormais des moyens de pression jusqu’alors ignorés et inutilisés. Car en plus de tous ces minerais, l’Afrique regorge de pétrole. L’or noir qui n’en finit plus de faire tourner la planète est produit notamment en Algérie, en Libye, en Angola, au Nigéria et au Soudan. Avec 120.000 employés et un chiffre d’affaires de 61,2 milliards de dollars en 2008, l’entreprise africaine la plus puissante est aujourd’hui une entreprise du secteur pétrolier, la Sonatrach[1], en Algérie. 

Le potentiel considérable de l’Afrique en matière d’hydrocarbure est encore relativement sous-exploité. Si quelques pays ont franchi le pic pétrolier, le continent dans son ensemble a augmenté de plus de 30% sa production entre 1994 et 2004. C’est également la partie du monde où le plus de succès d’exploration ont été enregistrés ces dernières années, et la seule où plusieurs pays producteurs significatifs entièrement nouveaux sont apparus sur la scène ces dernières années. L’histoire du pétrole et de l’Afrique n’a pas toujours été simple. En Côte d’Ivoire, le président Houphouët-Boigny voyait d’un assez mauvais œil l’exploitation de son secteur minier l’imaginant source de conflits perpétuels. Vingt ans plus tard, les exportations pétrolières sont devenues la première ressource financière du pays. 

Les défis énergétiques qui s’offrent à la planète ces prochaines décennies ont incité les entreprises européennes à renforcer leurs effectifs et leurs moyens en Afrique. Autre peuple à s’intéresser vivement aux richesses du continent, les Chinois. Comme dans une grande majorité de secteurs, les sujets de l’Empire du Milieu s’imposent comme étant des acteurs majeurs de l’économie énergétique continentale. 

Au Niger, où les américains d’Exxonmobil et les malaisiens de Petronas ont refusé d’exploiter le gisement d’Agadem, les Chinois ont moins fait la fine bouche. La CNODC[2] a misé 4 milliards de dollars pour produire, installer un pipeline, et construire une raffinerie d’une capacité de 20.000 barils par jour alors que les besoins du marché nigérien ne dépasse pas les 7.000 barils. Le porte-parole du gouvernement,
Mohamed Ben Omar, explique le choix de la société chinoise par le fait qu’elle a été la seule à accepter la construction de cette raffinerie. « C’était pour nous une question de souveraineté énergétique car nous ne voulions pas rééditer les erreurs de certains pays du continent : produire le brut et importer les produits raffinés. » 

Si les Shell, Esso, BP ou Total sont omniprésents en Afrique, il est un autre signe qui démontre la vitalité du marché. De plus en plus de « petites » entreprises tentent leur chance sur ce juteux marché des énergies. Surnommées « minimajors », par opposition aux majors plus anciennes et plus puissantes, elles misent toutes sur la flambée de cours du baril, la volonté des gouvernements de multiplier leurs partenaires et l’intensification des recherches dans de nombreux pays africains pour s’implanter sur le continent. L’exemple de
la société Afren est intéressant. Créée en 2004 par le Dr Lukman, aujourd’hui conseiller du président nigérian Yar’Adua, après avoir été ministre du pétrole et secrétaire général de l’OPEP, Afren est désormais présente sur 17 gisements dans six pays. Elle affiche l’ambition d’être la première société pétrolière indépendante 100% africaine. 

Ces minimajors se spécialisent dans la relance de gisements que leurs grandes sœurs ont abandonnées, ou dans l’exploration et la production de pétrole sur des champs marginaux en encore vierges, comme en Guinée-Bissau, en RDC, en Tanzanie, en Namibie ou en Mozambique. A vingt dollars le baril, de tels gisements n’auraient jamais été rentables. A plus de 100 dollars, certains peuvent rapporter le gros lot. D’autant plus que les droits de licence sont moins élevés dans les régions encore peu explorées. La plupart de experts prédisant que le baril atteindra un jour 300 dollars, l’Afrique va donc continuer d’intéresser les pétroliers. Majors comme Minis. 

Le grand défi du continent, s’il en est un, il est électrique. Entre les coupures intempestives, les pannes et les baisses de tensions, c’est tout un réseau qu’il faut reconstruire voire construire. Sur les quarante-huit pays d’Afrique subsaharienne, ils ne sont pas moins de trente à avoir connu ces dernières années de graves crises d’énergie. Même l’Afrique du Sud a récemment été touchée par cette épidémie. Si seulement 20% des ménages sont couverts par le réseau électrique, il existe un nombre important de solutions alternatives. 

A l’heure où la réduction de l’effet de serre, d’émission de CO2, de flambées des prix et de la rareté annoncée du pétrole font les gros titres des journaux, l’uranium devient le minerai de ce début de millénaire. En Afrique, on en extrait surtout au Niger et en Namibie. Troisième producteur mondial d’uranium après le Canada et l’Australie, le Niger fait figure de pays stratégique. Implantée depuis les années 1970, la société française Areva exploite le gisement d’Arlit via deux filiales, Cominak et Somaïr, dont l’État nigérien est aussi actionnaire. En 2006, la production a été de 2 260 tonnes sur une production mondiale avoisinant les 40 000 tonnes. Areva compte par ailleurs investir 1 milliard d’euros sur un nouveau site dans le nord du pays, Imouraren, dont les réserves sont estimées à 80 000 tonnes. 
Depuis quelques années, l’uranium a flambé. De moins de 10 dollars la livre en 2002, il a atteint 135 dollars cette année. Ce prix très élevé ne concerne que 10 % du marché, le reste est vendu à moyen terme et n’atteint pas ces sommets. Il n’empêche, cette fièvre sur le yellow cake a de quoi aiguiser les appétits alors que la demande globale d’uranium est estimée à 66 000 tonnes. La concurrence arrive donc en force au Niger et le gouvernement a délivré de nombreux permis d’exploration à des firmes canadiennes et surtout chinoises. En 2006,
la China Nuclear Engineering and Construction Corporation a notamment décroché le site de TeguidanTessoumt, dans le nord du Niger. Avec des réserves estimées à 12 764 tonnes, l’exploitation doit débuter en 2010.Areva, leader mondial de l’énergie nucléaire a annoncé vouloir faire de l’Afrique le cœur de leur activité. 

Actuellement sur le continent, seule l’Afrique du Sud possède deux centrales nucléaires, mais les perspective à moyen terme sont encourageantes. La Namibie négocie avec la Russie, tout comme le Maroc, qui pourrait devenir le premier pays d’Afrique du Nord à construire une centrale. L’Egypte compte sur une centrale opérationnelle d’ici à 2015 à Dabaa ainsi que trois autres d’ici à 2020. 

L’utilisation d’énergies renouvelables telles que le solaire ou l’éolien pourrait également bénéficier à un continent qui possède toutes les ressources naturelles nécessaires à leur mise en place. Aujourd’hui, si seulement 2% de l’énergie produite proviennent de ces sources, il y a fort à parier que ce pourcentage devrait augmenter très rapidement. Les 900 millions d’euros dégagés pour la construction prochaine de trois barrages hydroélectriques dans le bassin du Niger prouvent que ces solutions ont de l’avenir. 

Replongeons-nous dans les mines africaines et découvrons la manière dont été perçues ces dernières en Europe il y a un demi-siècle. 

« Il n’est plus possible que des matières premières continuent à dormir, sous prétexte que leur exploitation bouleverserait le mode de vie de ceux qui ont la chance de vivre où elles se trouvent. Si des peuples, demeurés arriérés, ne peuvent ou ne veulent s’occuper de leur mise en valeur, d’autres peuples plus entreprenants viendront le faire à leur place de gré ou de force. » Ainsi parlait, en 1951, un ouvrage consacré aux ressources minières de la France et de ses colonies. 

En 2008, à coups de fusions et d’acquisitions, les cinq plus grands groupes aurifères du monde se développent dans plusieurs pays d’Afrique. Le n°1 mondial, l’Américain New-MontMining, et les Sud-Africains Goldfields et Anglo-Gold se partagent l’essentiel de la production du Ghana. Fin 2004, l’or jaune est à ses plus hauts niveaux depuis seize ans[3], avec la dépréciation du dollar il joue son rôle de valeur refuge. L’exploration minière est relancée : 16 % est consacrée à l’Afrique où se trouvent la majeure partie des nouvelles réserves décelées, estimées à 67 millions d’onces. 

Six nouvelles mines sont entrées en exploitation depuis 1997, deux au Mali, trois en Tanzanie et une en Afrique du Sud, du fait de l’aspect libéral de ses codes miniers. En 2001, le Mali est ainsi devenu le troisième producteur africain, derrière l’Afrique du Sud et le Ghana. Les 136 mines d’or que compte le continent sont exploitées par 47 compagnies, dont une minorité est contrôlée par des investisseurs locaux. Au Ghana, des joint-venture existent entre privés étrangers et nationaux. Au Mali, l’Etat détient une participation au capital des mines. Dans les deux cas, l’Etat recouvre plus de 30 % du chiffre d’affaires des sociétés minières (taxes, impôts et royalties). 

Sur le papier, l’Afrique dispose donc de tous les moyens pour réussir. Le continent a sans aucun doute le sous-sol le plus riche et diversifié de
la planète. Longtemps pillés, les pays concernés n’ont pas toujours ressenti les incroyables effets que pouvaient produire leurs richesses. La mentalité des dirigeants semblent avoir évoluer dans un sens où la population prendrait enfin le dessus et ne serait plus reléguée au simple titre de main-d’œuvre bon marché. En 2008, quel impact ces richesses et son exploitation peuvent-elles avoir sur la société et la population ? Et surtout quel impact positif ? 

La flambée des cours a conduit les gouvernements à réclamer aux groupes miniers une plus juste rétribution de leurs richesses. Mais c’est bien la question sociale qui est évidemment au centre de tous les débats. Les conditions de travail inhumaines et les salaires au rabais ont longtemps été stigmatisés dans le secteur minier notamment. Une telle question nécessite une prise de conscience et une mobilisation de tous les acteurs impliqués. 

Ainsi la sécurité, la santé et l’environnement doivent être davantage pris en considération. Les entreprises qui exploitent les ressources africaines consentent de plus en plus souvent à offrir des avantages sociaux se matérialisant essentiellement sous forme de services rendus à son personnel. Les employés peuvent ainsi bénéficier de la gratuité des soins de santé et de l’éducation des enfants. En plus, ils peuvent recevoir gratuitement le service de distribution d’eau, d’électricité ainsi que la ration alimentaire. 

Actuellement avec les reformes de politique minière qui se développent aux quatre coins du continent,  l’exploitation industrielle contribue souvent au développement social par la création d’emplois décents, la réalisation de projets sociaux en faveur des communautés avoisinantes comme la construction ou la réhabilitation d’écoles et centre de santé. Régulièrement, les infrastructures de base se voient réhabilitées, des routes et des ponts sont construits. 

L’exemple de la Guinée et le parfait témoin des dilemmes qui hantent les gouvernances en place.La Guinée est surnommée avec humour « scandale géologique »tant son sous-sol regorge de ressources.Cependant, force est de constater l’inadéquation entre les fortes potentialités et la situation économique générale du pays. C’est pour pallier à ce constat que l’État avec l’appui de ses partenaires au développement a décidé de faire du secteur minier un moteur de la croissance économique et de réduction de la pauvreté.L’économie de la Guinée est largement tributaire du secteur agricole et du secteur minier.[4] 

La Guinée détient près de la moitié des ressources de bauxite mondialesavec quelques 12 milliards de tonnes. Elle a exporté 14 millions de tonnes en 2003 et dispose d’une raffinerie d’alumine.[5] 

Le pays attire actuellement beaucoup d’entreprises minières de tailles différentes et intéressées par cette ressource. Trois accords ont été signés et d’autres sont en négociation.Le secteur minier  contribue pour plus de dix mille emplois permanents et pour beaucoup d’emplois induits. Depuis 1987 le secteur minier a contribué pour plus de 20 millions de dollars au développement communautaire en Guinée. Les contributions minières ont permis d’améliorer les infrastructures sanitaires et éducatives, ainsi que de stimuler l’économie rurale entre autres. 

  

Les mines sont aussi la source principale des investissements étrangers directs en Guinée. De 1995  à 2004 les investissements réalisés par les entreprises minières en exploitation se sont élevés à environ 738 millions de dollars. Pour la même période 120 millions de dollars ont été injectés dans l’exploration. Les accords miniers signés récemment vont fortement augmenter la valeur des investissements étrangers directs en Guinée. Deux accords signés pour les usines d’alumine à eux seuls, s’ils sont réalisés, représenteront quatre milliards de dollars en investissement dans un futur proche. 

  

Les partenaires au développement ont accompagné les efforts du pays soit en investissant directement ou en jouant un rôle catalytique. La Banque mondiale a contribué au développement de l’industrie minière moderne en favorisant la réalisation des infrastructures de la Compagnie des Bauxites de Guinée à travers des prêts s’élevant à environ 74 millions de dollars.  

  

Cependant malgré ce que le secteur minier représente pour la Guinée, sa contribution est restée en deçà de ce qu’elle aurait pu être s’il avait bénéficié d’un meilleur climat des affaires et d’une meilleure gouvernance. Le secteur aurait aussi pu jouer un rôle catalytique important pour le développement des infrastructures et d’autres secteurs économiques. Il aurait pu davantage contribuer au développement communautaire et à l’amélioration du cadre de vie d’un nombre plus important de guinéens. Bref le secteur aurait pu être un moteur de croissance et de réduction de la pauvreté.Pour ce faire le pays a besoin d’un cadre juridique moderne basé sur la transparence et la bonne gouvernance dans le secteur avec une redistribution appropriée des revenus, une maximisation de l’impact économique des mines et une capitalisation des opportunités présentés par le secteur pour ajouter plus de valeur. Il a aussi besoin d’un meilleur cadre de développement communautaire et de gestion des questions sociales et environnementales sectorielles. Une redistribution efficace des revenus miniers permettra un meilleur impact des mines pour les communautés et la disponibilité de ressources pour renforcer la décentralisation. 

Le Département des Mines est conscient des enjeux du secteur et est entrain de réfléchir sur un programme pour rendre le pays plus attractif aux investissements miniers et pour maximiser  les retombées positives. Un dialogue existe déjà entre la Banque mondiale, d’autres bailleurs de fonds et le Gouvernement de la Guinée pour appuyer les réformes du secteur afin de définir et d’appliquer une démarche plus cohérente vers un développement durable de ce secteur minier. Les axes de ce dialogue portent sur la gouvernance et la transparence, le renforcement des capacités, un développement intégré des infrastructures et la maximisation des impacts socio-économiques du secteur pour la Guinée. 

 

 

Consciente de son incroyable potentiel, l’Afrique décide enfin de redistribuer les rôles et de s’en choisir un de plus grande envergure. Le temps des pillages semble révolu et si les gouvernances n’ont pas toujours été irréprochables ces dernières décennies, il semblerait que les actuelles aient décidé de jouer le jeu de
la transparence. Une transparence qui sera certainement la clé du développement de l’ensemble du secteur minier et énergétique en Afrique. C’est à ce prix, et à ce prix seul que la population pourra enfin jouir de l’extraordinaire richesse qui se trouve sous ses pieds. 

 




[1] Société Nationale pour la Recherche, la Production, le Transport, la Transformation, et la Commercialisation des Hydrocarbures. Elle est le 12e groupe pétrolier au niveau mondial, 2e exportateur de GNL et de GPL et 3e exportateur de gaz naturel.

[2]
China National Oil and Gas Development and Exploration Corporation. 

[3] 440 $ l’once

[4] Le secteur minier représente 85% des exportations soit 625 millions de dollars en 2003 et 17% des taxes perçues par l’Etat, soit 171 millions de dollars en 2004. 

[5] La valeur de la bauxite et de l’alumine exportée en 2003 était de 437,4 millions de dollars. 

L’âme africaine

9 septembre 2008

L’Afrique est terre de contrastes. Ses climats sont multiples, ses paysages tous uniques, et sa population si éclatante de différences. Ces diversités prennent toutes leur signification dans l’extraordinaire richesse de son art et de sa culture. L’art africain est séculaire et ni la colonisation, ni l’indépendance ne l’ont desservi. Aujourd’hui, cet art ne se résume pas aux masques et autres statuettes que les touristes s’arrachent à des prix exorbitants le long de leurs excursions. Non, l’art africain, c’est avant tout une vie culturelle quotidienne de plus en plus active. Expositions, musées, mais aussi théâtre et concerts se créent dans tout le continent. A cela, le sport s’ajoute et s’affirme comme l’un des passe-temps favori des africains, du moins quand il s’agit de le regarder au stade ou devant la télévision. 

 

Les musées africains n’ont pas le faste des européens et se concentrent souvent sur l’histoire et l’art local. Pour les africains, les musées ont très longtemps été l’affaire des blancs et des touristes. C’est la raison pour laquelle des plans de sauvegardes et de sensibilisation ont été mis en place dernièrement. L’ancien président malien Alpha Oumar Konaré, premier Africain à présider le Conseil international des musées, déclarait dès 1991 qu’«il était temps, grand temps de tuer le modèle occidental de musée en Afrique». L’urgence a été donc de chercher à rapprocher les musées des populations et de leurs intérêts. La nature même des expositions a évolué vers une interactivité où les visiteurs sont eux même exposants en remplaçant les vieux objets poussiéreux des vitrines par d’autres plus symboliques qu’ils possèdent, comme des photos ou des objets issus de l’art artisanal. La poterie a servi de modèle à cette nouvelle façon de vivre les musées. A travers le Projet d’éducation par le musée en Afrique, mis en œuvre dans le cadre du projet spécial de l’UNESCO, « Programmes d’éducation populaire dans les musées d’Afrique de l’Ouest », il a été crée en 2001 une exposition de poteries dans la province de Gaoua au Burkina Faso. L’importance de la poterie dans cette région a conduit les responsables du projet à se rapprocher des communautés locales. L’objectif de ce projet pilote était de pouvoir le transposer à d’autres pays et à créer des liens entre les musées et ses populations. En plus de ces liens, ces manifestations doivent permettre de faire découvrir leur propre patrimoine aux africains et leur aider à prendre conscience qu’ils sont à la fois ses gardiens et ses artisans. Pour faciliter son exportation, le projet a crée un kit détaillant chaque étape de l’exposition dans lequel on trouve photos, dessins et autres vidéos. 

 

Dans les grandes villes, souvent les capitales, de véritables musées existent depuis des années. Reliques des époques coloniales et précoloniales y côtoient des masques sacrés et d’autres objets ethniques. Là encore, ces lieux de culture sont boudés par les populations locales. Les écoles y font encore quelques apparitions pour y emmener leurs classes et ainsi tenter de donner l’habitude aux plus jeunes de les fréquenter. 

 

La culture africaine contemporaine vit et s’exporte bien. Les musées d’art africain se multiplient que ce soit en Europe ou en Amérique du Nord. Mais plus que les musées, ce sont les arts modernes qui séduisent le plus grand nombre, à commencer par les africains eux-mêmes. La musique, et plus particulièrement les chanteurs sont de vraies stars. En Afrique francophone, Youssou N’Dour au Sénégal, Tiken Jah Fakoly en Côte d’Ivoire ou encore Salif Keita au Mali remplissent des stades lors de leurs concerts. En Europe, ils jouissent aussi d’une popularité grandissante et pas seulement de la part de la diaspora. Le marché du disque et sa crise, ces stars la vivent d’une manière différente.
Il faut dire que pour ces chanteurs, les réseaux de vente parallèles fonctionnent bien. Pour eux, la France, représente un marché non négligeable. A Paris, il existe deux réseaux : le traditionnel, représenté par les grandes enseignes comme la FNAC, et celui que l’on appelle le réseau ghetto, matérialisé par des commerces de petites tailles situés dans les quartiers « africains » de la capitale. I
ci, ce sont les artistes congolais tels que Koffi Olomidé, JB Mpiana ou Werrason qui ont la cote depuis plusieurs années. Leurs ventes atteignent régulièrement les 10.000 unités. Derrière ces trois ténors du ndombolo, on retrouve parmi les meilleures ventes, le zouglou ivoirien ou encore la musique mandingue. 

 

Les manques de financement et d’initiative concernant l’art et la culture ont longtemps été mis en lumière en Afrique, notamment en ce qui concerne le cinéma. Aujourd’hui pourtant, il existe un endroit en Afrique où se produisent près de 2500 films par an à des budgets souvent dérisoires. Cet endroit, c’est Nollywood au Nigéria. Le cinéma du pays et en plein développement depuis quelques années et affiche fièrement sa troisième place de producteur le plus prolixe après Hollywood et Bollywood. Très peu, voire quasiment aucun de ces films ne sortiront dans les salles obscures, qui de toute façon ne font pas légion sur le continent. Non, ici, le créneau c’est la vidéo car près de 70% des nigérians possèdent un magnétoscope. Cette industrie, en plus de redonner vie à une culture cinématographique famélique, emploie plus de 300.000 personnes et génère plus de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires chaque année. Les coûts de production sont insignifiants au regard des autres pays. La minute de film ne coûte en moyenne que 222 euros soit 50 fois moins que pour un film réalisé au Burkina Faso. A Nollywood, un film se tourne en deux semaines et se retrouve dans les boutiques du monde entier en autant de temps. Longtemps axés sur l’ultra violence, les films misent dorénavant sur les problèmes de société que traverse le pays mais aussi sur les comédies romantiques.  

 

Cet exemple de Nollywood démontre une fois de plus que tout semble possible en Afrique, à partir du moment où la volonté d’entreprendre existe.
Ce dynamisme s’est vu récompensé en mai 2004.
Ce mois est à marquer d’une pierre blanche. Pour la première fois, on allait confier l’organisation d’un événement de dimension mondiale en Afrique. Cet événement, c’est la coupe du monde de football, prévue en 2010 en Afrique du Sud. Il était établi depuis quelques années que le continent l’organiserait, et la candidature sud-africaine l’a finalement et logiquement emporté par 14 voix contre 10 pour le Maroc. L’Egypte, la Tunisie et la Libye, autres prétendants, n’obtenant aucun suffrage. Cette annonce a ravi un continent qui ne respire que football. Au plus haut niveau, aucun pays africains n’a dépassé les stades des quarts de finale, les seuls à avoir atteint ce niveau sont le Sénégal et le Cameroun. Les coupes d’Afrique des Nations qui se tiennent tous les deux ans sont toujours suivies d’une ferveur sans précédent dans les pays participants. Plus qu’une grande fête populaire, c’est surtout un moyen pour les pays organisateurs d’engranger des revenus intéressants. En 2004, la Tunisie a ainsi récolté 4,3 milliards de dinars
[1] de revenus bruts. Pour l’Afrique du Sud, on estime que la Coupe du Monde
drainera environ 21,3 milliards de rands[2] dans l’économie sud-africaine, générant une estimation de 12,7 milliards de rands[3] en dépenses directes et créant environ 159.000 nouveaux emplois. 

Le secteur touristique du pays tirera parti des trois millions de visiteurs estimés attendus lors du tournoi, pendant que les sociétés de construction et d’ingénierie chercheront à avoir une part du gâteau de plusieurs milliards qui sera dépensé dans les infrastructures dont la construction précèdera l’événement. 

 

Cependant, les avantages indirects d’une meilleure image à l’étranger pourraient avoir un impact encore plus grand sur l’économie. « Il y aura une injection directe dans l’économie », a déclaré Goolam Ballim, économiste de la Standard Bank, après l’annonce de la FIFA du pays d’accueil pour 2010. « Mais l’impact indirect sera encore plus significatif (…), cela aidera à changer la perception que beaucoup d’investisseurs étrangers ont de l’Afrique et de l’Afrique du Sud. » 

Dans son Discours à la Nation de 2006, le président Thabo Mbeki a déclaré que la Coupe du Monde sera une contribution énorme, non seulement pour la croissance socio-économique de l’Afrique du Sud, mais aussi pour le développement de la totalité du continent. 

 

Si l’Afrique semble avoir obtenu la confiance des instances sportives internationales pour ce qui est de l’organisation de manifestations majeures, il en est une que l’on n’est pas prêt de voir sur le continent avant des décennies, ce sont les Jeux Olympiques. Le cahier des charges si dense imposé par le CIO ne paraît pas en adéquation avec les réalités africaines d’aujourd’hui.
Si les Jeux ne viennent pas à l’Afrique, les africains continueront d’aller aux Jeux et d’obtenir des
résultats plus positifs à chaque olympiade.
En 2004 à Athènes, l’ensemble des pays africains avait obtenu 35 médailles dont neuf en or, un bilan en demi-teinte. A Pékin en 2008, le bilan est bien meilleur. Avec treize nations médaillées contre neuf en 2004, l’Afrique a récolté 40 médailles dont douze en or. La palme revenant au pays des hauts plateaux, le Kenya qui devance pour la première fois depuis Barcelone en 1992 l’Ethiopie. Mais c’est surtout les premières médailles olympiques de l’histoire du Togo en kayak, de Maurice en boxe, ou du Soudan au 800 mètres qui ont ravi les foules. A ce jour, 24 pays du continent ont déjà goûté aux joies des podiums olympiques. A l’inverse de ses beaux succès, des nations comme l’Afrique du Sud ont déçu. Certainement déjà tournée vers sa coupe du monde, la nation arc-en-ciel n’a rapporté qu’une médaille d’argent de Chine, contre six quatre ans plus tôt. 

Le sport est roi en Afrique. Malgré des installations pas toujours très modernes, ce qui fait encore de l’athlétisme le premier pourvoyeur de médailles, les africains s’intéressent de plus en plus aux autres sports et les résultats commencent à arriver. 

 

 

 

Dans un continent encore en proie à de grands doutes, l’art, la culture et le sport forment un ensemble moderne d’évasion pour les populations. Mais plus que cela, c’est devenu aujourd’hui un secteur à véritable potentiel économique, et un vecteur non négligeable du développement africain. 

 

 

 




[1] 2,4 milliards d’euros 

[2] 1,8 milliard d’euros 

[3] 1,1 milliard d’euros 

Un secteur en pleine expansion

9 septembre 2008

En 1994, un rapport de l’institut DIAL[1] dressait un bilan du secteur bancaire africain avec pour accroche :
 « 
Les banques en Afrique sont relativement peu actives dans le financement de l’économie. » En 2008, il semblerait que la situation ait littéralement changé. Plus que jamais, le secteur bancaire est en pleine expansion en Afrique et les opportunités d’investissement sont nombreuses. Cependant, les nouvelles réglementations nationales et la progressive adaptation aux normes internationales soumettent les banques à des enjeux importants. Ces enjeux sont à même de porter ce secteur vers une rentabilité encore plus grande et de lui conférer un rôle de tout premier ordre. Pour cela, les entreprises du secteur bancaire doivent évoluer rapidement, aussi bien dans leurs infrastructures que dans leur approche du marché. 

Le secteur bancaire africain est en mutation totale et les banques africaines sont à présent un levier pour le développement africain. Leur mission consiste à devenir des instruments et institutions financières capables de jouer leur véritable rôle dans le développement du continent. Les signes du renouveau sont déjà appréciables du fait de ce que les économies africaines ont connu, ces dernières années, d’importantes réformes financières, dont la libéralisation des marchés. Les États ont accepté de réduire le rôle habituellement bloquant qu’ils exerçaient sur les milieux financiers. C’est ainsi qu’en Afrique de l’Ouest, la BCEAO[2], renforcée par la création de la Commission bancaire, a pu mettre en place des politiques de relance des économies et restructurer le secteur bancaire. Des réformes de régulation sont en cours parmi lesquelles une réduction du contrôle des changes, une convertibilité régionale et une élimination progressive des obstacles à la libre circulation des capitaux.Ce climat favorable explique la réussite des consolidations bancaires intervenues dans certains pays du continent, notamment au Nigeria où des fusions et acquisitions ont fait naître, à partir de 2005, de grandes banques. Assainies et renforcées sur leurs bases financières et réglementaires, les banques seront mieux à même de répondre aux impératifs de développement de l’Afrique. Des facteurs extérieurs ont aussi joué un rôle déterminant dans la transformation du secteur bancaire. Comme les progrès technologiques qui sont des facilitateurs de premier ordre qui ont permis la suppression des barrières que sont les frontières. Ils offrent aussi des produits et services modernes tels que les cartes et les distributeurs bancaires. L’accroissement rapide des flux financiers extérieurs vers le continent et l’arrivée des investisseurs ont également donné un coup de fouet à l’industrie bancaire. De nombreux investisseurs misent sur l’Afrique qu’ils considèrent maintenant plus attractive que les marchés développés où les taux d’intérêt baissent tandis que les investisseurs asiatiques sont attirés par ses ressources naturelles, minéralières et énergétiques. Tous ont compris qu’il est temps de se positionner sur ce marché porteur.

Par ailleurs, dans le contexte de croissance économique que connaît le continent, les politiques de réformes économiques et la hausse des prix des matières premières ont eu pour effet de réduire les peurs qu’y suscitaient, dans le passé, les projets de libéralisation du secteur bancaire. De plus l’émergence d’une classe moyenne, plus particulièrement dans les deux plus grands pays d’Afrique au sud du Sahara, le Nigeria et l’Afrique du Sud, a créé une demande encore plus forte pour un secteur bancaire performant. Si elles veulent consolider leur nouveau statut de leviers du développement, les banques africaines se doivent absolument de poursuivre le rythme de leur transformation vertueuse. Car aujourd’hui, elle n’en est qu’à ses débuts. 

Depuis plus de dix ans, à grand coups de privatisations et de nouvelles réglementations, le secteur bancaire africain a été fortement restructuré et assaini. Dans ce contexte, les banques sont devenues des établissements suffisamment rentables pour attirer à nouveau les grands groupes occidentaux comme BNP-Paribas, le Crédit Lyonnais (LCL) et la Société générale, pour ne citer que les français. Seule l’Afrique du Nord présente encore quelques résistances, la libéralisation du secteur y étant moins rapide qu’au sud du Sahara, essentiellement pour des raisons de blocages politiques. Ce qui n’empêche pas les banques françaises de se placer, dans l’attente d’une réelle ouverture des marchés. En Algérie, BNP-Paribas a installé dans la capitale une première filiale opérationnelle en 2002, alors que les autres banques françaises se sont souvent contentées de bureaux de représentation.
C’est donc sur l’Afrique subsaharienne que les perspectives sont les plus prometteuses pour les banques commerciales, à commencer par les groupes français, historiquement et structurellement bien en place sur le continent, principalement sur la zone franc. Il faut dire que leur présence en Afrique remonte au moins à quarante ans, et qu’ils ont eu tout le loisir de développer une relation forte avec le continent.
Cette présence déjà ancienne a permis aux professionnels français de prendre pleinement la mesure de l’évolution du secteur bancaire africain. Au LCL, on constate que le système fonctionne beaucoup mieux qu’il y a encore une quinzaine d’années, et on se félicite que les privatisations aient permis de remettre le secteur entre les mains de professionnels. Les arrivées conjuguées d’opérateurs internationaux dans le capital des banques africaines et l’émergence des commissions de contrôle des Banques centrales ont permis de restructurer le système et de lui fournir les moyens financiers nécessaires pour soutenir le développement économique des pays. Mais pour réellement avoir un effet structurant, encore faut-il toucher une part importante de la population et du tissu économique privé local. Le fond du problème est bien là. Les marchés demeurent encore très réduits et le taux de bancarisation sur le continent varie, selon les estimations, entre 3 % et 5 %, contre 95 % à 100 % en Europe. Le challenge à venir, pour les professionnels, consiste donc à inciter les ménages et entreprises à utiliser les services d’une banque commerciale.
Le continent est dans une telle situation de sous-bancarisation en matière de clientèle privée que la marge de progression est énorme. La part réalisée en Afrique par les trois grandes banques françaises ne représente encore aujourd’hui qu’une portion infime de leurs chiffres d’affaires globaux respectifs. Mais la tendance semble leur est très favorable. Chaque année la Société générale, pour ne citer qu’elle, enregistre une croissance exponentielle du nombre d’ouvertures de comptes. En termes d’activité, les réseaux français revendiquent un statut de banque universelle, dans le sens où chaque enseigne propose un éventail de produits divers et variés, tant à destination des particuliers que des entreprises locales et étrangères. Collecte de ressources financières, prêts personnels, crédits immobiliers ou à la consommation, aides à l’investissement…, forment une gamme d

Africa 2.0

9 août 2008

AFRICA 2.0 

Les années 90 ont véritablement marqué un tournant. Plus qu’un simple passage vers le XXIème siècle et le troisième millénaire, elles ont apporté un florilège d’innovations technologiques synonymes bien souvent de révolution pour le quotidien de tout un chacun. L’Afrique n’a pas été la première à en profiter.

S’il est un objet qui a marqué de son empreinte cette décennie, c’est bien le téléphone portable, apparu vers le milieu de cette dernière. L’Afrique a attendu un peu plus avant de faire connaissance avec les Nokia ou autre Samsung. Un peu plus mais pas longtemps.   Cinq années tout au plus. Le marché africain étant naturellement important, du moins en terme quantitatif, il ne pouvait être ignoré davantage.       C’est même à se demander si le téléphone potable n’a pas été inventé pour les africains. Les réseaux filaires peu développés en dehors des villes[1], les populations isolées, mais aussi les privatisations massives des groupes de télécommunications ou encore la déréglementation du marché, tous ces critères ont permis au mobile de voir le jour sous les meilleurs auspices.

Vue d’Europe, à l’ère du tout numérique, l’Afrique pourrait paraitre encore à la traîne en ce qui concerne les nouvelles technologies. Et pourtant si les premiers résultats se sont fait attendre, le jeu en valait
la chandelle. Téléphonie, Internet, e-commerce, tout est synonyme de prospérité économique et de perspectives alléchantes. Après les marchés énergétiques et des mines, c’est un des secteurs où l’on trouve les plus belles réussites du continent.

Alors qu’il y a huit ans, seul un Africain sur cinquante était abonné à un service de téléphonie mobile, ils sont aujourd’hui près d’un tiers à détenir une puce. Ce qui représente un marché de près de 265 millions de personnes, un marché en progression de 33% en un an, la plus forte au monde.

Difficile en effet d’imaginer une partie de l’Afrique, un téléphone constamment dans la poche ou vissé à l’oreille. Pour s’en rendre compte, il suffit de traverser n’importe quelle ville. Si le fait de croiser tous les dix mètres une personne en communication ne vous surprendra plus au bout de cinq minutes, le nombre d’affiches publicitaires pour les différents opérateurs ou l’abondance de magasins de téléphone vous laissera pantois.

Considéré encore par certains comme un produit de luxe bien trop taxé ; le secteur devrait, sur la période 2000/2012, générer rien qu’en Afrique subsaharienne la somme faramineuse de 71 milliards de dollars en taxes ; le téléphone portable n’en est pas moins devenu en très peu temps l’accessoire indispensable des cadres mais aussi du peuple tout entier.

En Afrique, on ne compte pas moins de sept pays[2] où le taux de pénétration du mobile est supérieur à 70%. Ce taux dépasse même 80% en Tunisie et en Algérie qui compte parmi ses 35 millions d’habitants, 27,6 millions d’abonnés. Plus curieux encore, les Seychelles comptent aujourd’hui plus d’abonnés que d’habitants.

Cette statistique qui pouvait paraître logique pour le Maghreb ne l’était pas forcément pour l’Afrique sub-saharienne. Et pourtant, des pays comme le Botswana ou le Gabon sont désormais proches de
la saturation. Autre exemple probant, en un an, le nombre d’abonnés en Côte d’Ivoire a doublé, en passant de 3,5 millions à l’automne 2006 à 7,4 millions à la fin de l’année 2007. A ce rythme, le taux de pénétration, avoisinant déjà les 40% atteindrait théoriquement les 100% d’ici 2010. Ce chiffre résume à lui seul la tendance du marché. La surabondance de réseaux et d’opérateurs dope la croissance de la clientèle et nombreux sont les marchés qui pourraient approcher de la saturation bien plus vite que prévu.

Après plusieurs années de croissance folle, la tendance devrait ralentir. Les analystes envisagent dès 2009 une croissance à un chiffre.

Sur le marché des télécoms, le continent reste l’une des dernières terres de croissance avec l’Asie et le Moyen-Orient. A ce jour, la plus importante opération en Afrique du secteur a été l’acquisition de Celtel par le koweïtien MTC-Zain en 2005 pour 3,36 milliards de dollars. Un chiffre important certes, mais qui deviendrait minuscule si le sud-africain MTN, leader continental devait être cédé aujourd’hui, il en vaudrait au moins 50 milliards de dollars.

Au Kenya, à part les touristes et leurs safaris-photos, principales recettes du pays, les affaires sont aussi florissantes dans le domaine de
la téléphonie. C’est l’opérateur Safaricom qui tire son épingle du jeu avec 74% de part de marché, un chiffre à faire pâlir d’envie SFR ou Orange en France. Mieux encore, l’entreprise kenyane a récemment fait l’objet de la plus importante OPA jamais réalisée en Afrique de l’Est : la mise en vente par l’Etat de 25% de son capital. Dès l’ouverture de la bourse, l’action s’est envolée pour quasiment doubler sa valeur et aujourd’hui, l’entreprise représente à elle seule 40% de la capitalisation du Nairobi Stock Exchange, l’indice du pays. Signe que les kenyans, au même titre que l’ensemble des africains, croient en la viabilité et en la prospérité du secteur, 800 000 d’entre eux se sont rués dans les banques pour souscrire des actions.

France Télécom voit l’Afrique comme un nouvel eldorado. L’Afrique est ainsi la zone émergente principale pour lui, loin devant l’Asie. 

Avec vingt-sept millions de clients répartis dans quatorze pays, France Télécom réalise en Afrique un chiffre d’affaires de 2,5 milliards d’euros. L’Égypte et ses quinze millions de clients constituent son plus gros marché.

Présent depuis trente ans en Afrique dans le téléphone fixe et l’accès international, l’opérateur français profite également depuis cinq ans de la véritable explosion du mobile. France Télécom, qui occupe, en fonction des pays, la place de numéro un ou de numéro deux est opérateur global, c’est-à-dire présent dans le fixe, le mobile et l’Internet dans cinq pays. Dans les neuf autres, il se focalise sur l’Internet et surtout le mobile, principal vecteur de croissance.[3] « Toutes nos opérations en Afrique sont très rentables. Le mobile y connaît une croissance à deux chiffres depuis plusieurs années. L’essentiel du marché se fait avec des cartes prépayées, donc sans risque financier », expliquait Marc Rennard, directeur exécutif international Afrique, Moyen-Orient et Asie de France Télécom au Figaro en novembre 2007. Certes, le chiffre d’affaires moyen par utilisateur est trois fois moindre dans les pays émergents que dans les pays occidentaux, mais les coûts salariaux y sont aussi plus faibles et la croissance plus forte. « Nous misons sur la croissance rentable. Nous sommes un partenaire industriel sur le long terme. Nous ne faisons pas de coup financier », conclut-il. Pour autant, le groupe français poursuit sa politique de développement. Toujours en 2007, il a signé son cinquième rachat sur le continent en prenant possession de 51% de l’opérateur Telkom Kenya pour quelques 270 millions d’euros. Ce rachat est à créditer de l’acquisition d’une licence. 

Autre signe que le marché se porte bien, ces acquisitions de nouvelles licences mobiles fleurissent aux quatre coins du continent. Les opérateurs occidentaux jouent des coudes lors d’enchères ou d’appels d’offres qui atteignent des sommets. Le tout pour le plus grand bonheur des Etats, grands gagnants de ces batailles financières. 

Si toute l’Afrique s’est mise au téléphone portable ces dernières années, il en est dont on n’aurait jamais pensé les voir équipés : les Massaï. Cet exemple est révélateur du changement de mentalité qui est en train de s’opérer dans tout le continent. Si les traditions ancestrales et bien souvent archaïques de communication comme le tamtam ou à moindre mesure le courrier ne disparaitront certainement pas d’ici longtemps, un virage numérique prend forme. Revenons aux Massaï. Ce groupe ethnique d’éleveurs et de guerriers semi-nomades d’Afrique de l’Est, vivant principalement dans le centre et le sud-ouest du Kenya et le nord de la Tanzanie sont l’un des symboles de cette modernité qui envahit l’Afrique. Le téléphone portable est devenu pour eux bien plus qu’un simple moyen de communication. Il est aujourd’hui devenu un moyen de paiement. En effet, plus besoin de parcourir des kilomètres de savane pour se rendre dans une banque, chaque transaction peut s’effectuer par simple…texto ! Exemple : Lorsque l’un veut acheter un troupeau de chèvres à l’autre, il contacte sa banque pas SMS et immédiatement l’autre reçoit une confirmation de
la transaction. Ce moyen de procéder devient très tendance sur l’ensemble du continent. Et si les Massaï l’ont compris, les grands groupes multinationaux également. Il faut dire qu’avec plus de dix millions de dollars de transaction au Kénya et en seulement un an d’existence, ce nouveau marché a de quoi intéresser. 

Le groupe égyptien Orascom ou encore Orange via son service Orangepay misent eux aussi sur ce qu’il convient d’appeler dorénavant la banque mobile. Cette dernière est devenue un véritable enjeu stratégique et financier, dû au faible taux d’accès aux systèmes bancaires traditionnels et aux énormes transferts d’argent entre le Nord et le Sud. Le téléphone devient progressivement la plate-forme la plus efficace pour les services bancaires car il répond aux besoins de ses utilisateurs rebutés par la banque classique, trop complexe et trop chère. 

C’est aussi cela l’Afrique. Des paradoxes. Parfois à la traîne, mais aussi souvent avant-gardiste. Beta-testeurs de technologies qui finiront par envahir la planète.

Si traditionnellement, l’oral a toujours eu le dessus sur l’écrit et l’image en Afrique, elle a finalement succombé à l’ouragan Internet en même temps que le reste du globe…à quelques années près. Les cybercafés pullulent dans toutes les villes et les foyers s’équipent à leur tour d’ordinateur et d’accès à
la toile. En 2003, le continent abritait environ 2 % de la population d’internaute dans le monde. Il convient de se rappeler qu’Internet a émergé en Afrique au travers de projets initiés par des organisations internationales comme les Nations Unies mais aussi grâce à l’aide apportée par des pays comme les Etats-Unis, le Canada et la France. 
En Afrique, si l’on exclut l’Afrique du Nord et l’Afrique du Sud, Internet n’est délivré que par deux moyens : les antennes satellites et les câbles sous-marins. Le câble Sat3 dessert le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Bénin, le Nigeria, le Cameroun, le Gabon et l’Afrique du Sud. Il devait inaugurer une nouvelle ère de l’Internet en Afrique. 15300 kilomètres de fibre optique avec onze points d’atterrissage sur la côte occidentale africaine, 28 000 kilomètres en tout en comptant la partie reliant l’extrémité du continent à la Malaisie, 650 millions de dollars investis par 36 opérateurs d’Afrique et d’ailleurs. 

« Nous comblons le fossé numérique avec les autres continents » déclarait fièrement le président sénégalais
Abdoulaye Wade lors de l’inauguration du câble à Dakar en 2002. Toutefois, six ans plus tard, la situation n’est pas idyllique et le câble, capable de transmettre simultanément près de six millions d’appels téléphoniques et 2300 canaux de télévision ne serait exploité qu’à 5% de ses capacités. Pourtant les pays reliés au câble ont beaucoup gagné en bande passante, ce qui augmente la capacité d’envoi et de réception de données et fait encore cruellement défaut en Afrique.
[4] 
En dehors des pays côtiers, la seule alternative actuellement consiste à utiliser une antenne satellite. Construire, lancer et exploiter un satellite est fort coûteux et reste exclusivement réservé aux non Africains. Le prix et le manque de clarté des offres d’accès Internet par satellite s’en ressent.[5] 

En dépit de ces prix souvent exorbitants, le nombre d’internautes ne cesse de croitre, certes à moindre vitesse que pour ce qui est de
la téléphonie. Le taux de pénétration en 2007 est de 3,6%, ce qui constitue 3% du nombre mondial des utilisateurs. Du fait de l’écart entre population et nombre d’usagers, la croissance du taux de pénétration entre 2000 et 2007 est effectivement forte : 643,1% d’utilisateurs en plus sur la période. 
Cette évolution est très variable selon les pays. 

L’Afrique de l’Ouest, qui constitue un peu moins de 30% de la population africaine, disposerait de 21,5% de la population d’internautes en Afrique. Ces chiffres sont néanmoins à relativiser. Difficile effectivement de comptabiliser les utilisateurs différents des cybercafés. Pas sûr non plus que les écoles et établissement d’enseignement supérieurs privées soient bien pris en compte lorsqu’ils ont un accès pour leurs étudiants. 

Il est donc délicat de faire des projections fiables sur le nombre des internautes potentiels aujourd’hui au Sénégal : 3 millions ?[6] Nul doute qu’avec la croissance de la scolarisation et de la couverture internet, le taux de pénétration va continuer à augmenter chaque année. En Afrique de l’Est, on a aussi l’espoir d’accéder rapidement au haut débit. Le câble EASSy, pour East Africa Submarine Cable System aurait déjà dû voir le jour. Mais les conditions de financement pour ce deuxième grand réseau le long des côtes orientales cette fois, les tractations entre les 22 opérateurs et la volonté de proposer un modèle plus ouvert ont retardé le démarrage du chantier. Entré en vigueur en 2008 avec beaucoup de retard, le contrat avec l’équipementier Alcatel-Lucent a finalement permis le début de la construction du réseau sous-marin qui devrait être achevé mi 2010. Et cette fois, l’accès au câble devrait être plus facile, y compris pour ceux qui ne font pas partie du consortium de départ. Au Fonds Mondial de
la Solidarité Numérique, on n’y croit pas vraiment.
« Ce n’est pas parce qu’un pipeline de gaz passe dans votre jardin que vous pouvez vous y brancher » pense-t-il. C’est la fameuse question du  « dernier kilomètre » qui permet à l’utilisateur final de se connecter et qui fait trop souvent défaut en Afrique. Les opérateurs, eux, prétendent résoudre ce problème via la technologie sans fil. 

En dépit de ces quelques problèmes, Internet a de beaux jours devant soi en Afrique. Les jeunes s’y bousculent pour chatter, bloguer,  et même y faire des rencontres sur les sites spécialisés de plus en plus nombreux. Les entreprises prennent elles aussi peu à peu la mesure des innombrables atouts commerciaux du web. Effet ricochet de cet incroyable engouement de l’Afrique pour ces nouvelles technologies et parallèlement des occidentaux pour ce marché, les centres d’appels, ou « call centers » se sont multipliés un peu partout. En 2006, le Maroc en comptait une centaine pour 25.000 emplois crées, tout comme la Tunisie avec 8.000 emplois. Deux pays qui travaillent majoritairement pour des sociétés françaises. Le Sénégal, qui talonne le Maghreb avec 35 centres et 4.000 salariés, met en avant des coûts en télécommunications et salaires 50% moins élevés pour une qualité similaire à
la France. Aujourd’hui, quand il se crée un centre d’appels en France, il s’en crée un en offshore alors qu’il y a peu, le ratio était encore d’un pour cinq. 

L’Afrique semble bien décidée à ne pas se laisser distancer sur ce secteur clé des technologies de l’information et de
la communication. Loin d’être encore cyberdépendant, le continent a vu ces dernières années une multitude de projets naître. En Algérie par exemple,
le programme Ourastic, qui vise à doter quelque 6 millions de foyers algériens d’un ordinateur et d’une connexion Internet d’ici à 2010, suit son cours.
Il faut dire qu’en cinq ans plus de 3 milliards de dollars d’investissements directs en provenance de l’étranger y ont été investis, transformant le secteur en deuxième source de rentrée de devises après le gaz et le pétrole. Le nombre d’emplois a été multiplié par 4,5, passant de 45 000 en 2000 à plus de 200 000 aujourd’hui. Quant au chiffre d’affaires réalisé dans la filière, il a atteint les 2,5 milliards d’euros en 2005. Emplois, investissements, fortunes et projets ambitieux, tout semble réuni pour faire de l’Afrique un futur géant du secteur. Chacun des 53 pays s’est lancé dans une course effrénée à l’équipement, conscient que c’est par ce moyen que se réduira une partie des inégalités qui subsistent sur l’ensemble du continent. Les perspectives futures étant plus qu’encourageantes, l’écart avec le Nord ne devrait que se réduire d’ici les prochaines années. 

L’Afrique vient définitivement de passer en mode 2.0 

Démocratisation des technologies en Europe et en Afrique 

TELEPHONIE  FILAIRE  MOBILE  3G  3G+ 
EUROPE  70’s  1995  2002  2006 
AFRIQUE  80’s  2000    2008 
         
INTERNET  56K    ADSL   
EUROPE  1993    2000   
AFRIQUE  2000    2003   

Si l’Afrique est servie la dernière, elle met jusqu’à 50% de temps en moins pour développer les dernières technologies.  L’Internet a vu le jour en Europe vers 1993, même s’il n’en était qu’à ces balbutiements. L’Afrique s’est mise au net vers l’an 2000. A son apparition le web n’était accessible que via une connexion lente à 56K. L’ADSL l’a progressivement remplacé. En 2000 en France, soit 7 ans après, et en 2003 en Afrique, soit seulement trois ans après. 


[1] Seulement 6% des africains ont un abonnement au téléphone filaire. Le nombre total de lignes fixes de l’Afrique du Sud est supérieur à celui de tous les autres pays africains subsahariens réunis.

[2] Afrique du Sud, Maurice, Maroc, Algérie, Tunisie, Botswana, Gabon. 

[3] En 2008, France Télécom est présent sous
la marque Orange dans 14 pays du continent : Mali, Sénégal, Côte d’Ivoire, Guinée, Guinée Bissau, Guinée équatoriale, Cameroun, Niger, Botswana, République Centrafricaine, Egypte, Kenya, Madagascar, Maurice.
 

[4] Les villes côtières desservies par le câble sous-marin disposent d’une bande passante d’environ 50 Mbit/s. Le Sénégal dispose quant à lui de plus de 400 Mbit/s. Ce qui permet de disposer d’une réelle connectivité : une connexion ADSL à 256 Kbit/s coûte ainsi 35 euros par mois à Dakar, et 230 euros par mois à Cotonou.

[5] Compter de 350 à 3500 euros par mois par Mbit/s ; c’est à dire 350 euros pour un accès partagé et dix fois plus cher pour une bande passante dédiée.

[6] Le Sénégal a accru son nombre d’internautes de 1250% passant de 40 000 usagers en 2000 à 540 000 internautes en 2007. Ce qui ne constitue malgré tout que 4,1% de la population.

Les bourses financières : facteurs de développement

9 août 2008

Le petit monde de la bourse et de la finance est, comme une grande majorité des microcosmes en Afrique, en pleine mutation. Hausse de la capitalisation boursière, méga introductions, projets audacieux et intérêt grandissant de la population font du secteur, l’un des plus ambitieux du continent. L’augmentation rapide du nombre des bourses africaines indique que bien des pays voient maintenant en elles un aspect d’une stratégie plus ample de développement des économies nationales et même de l’économie régionale. Dans une publication des Nations Unies, Afrique Relance, M. Alan Kyerematen, Directeur du programme Afrique Entreprise du PNUD[1], voit dans les marchés boursiers, ainsi que dans les autres sources de financement, un moyen efficace de promouvoir l’expansion des entreprises privées et, par suite, une croissance plus forte des économies nationales. « Lorsqu’on améliore l’accès d’entreprises solides aux capitaux pour soutenir un accroissement de leurs activités, on favorise du même coup la création d’emplois plus durables, ce qui peut conduire à une réduction de la pauvreté ». Ce constat peut paraître simpliste, encore faut-il le mettre en pratique. D’autres estiment, cependant, que les liens entre bourses et développement socio-économique d’ensemble sont minces, voire inexistants, quand ils n’ont pas même un impact négatif. Ils conseillent aux pays africains de ne plus consacrer leurs « maigres » ressources et leurs efforts à promouvoir aujourd’hui la croissance des bourses, car il y a beaucoup de problèmes plus sérieux à traiter en Afrique : des indices élevés de pauvreté, des services sociaux inadéquats et une infrastructure très peu développée. Même si les ressources existaient, ajoutent certains, les marchés boursiers pourraient exposer des économies en développement déjà fragiles à l’effet déstabilisateur d’apports de capitaux à court terme et spéculatifs. 

Réduire le monde de la bourse et de la finance en Afrique à cette vision manichéenne si basique serait une erreur. Evidemment, la situation n’est pas partout la même. Comme dans chaque secteur, il y a des gagnants et d’autres qui n’attendent qu’à le devenir. Globalement, la plupart des marchés de capitaux africains sont encore minuscules et embryonnaires, surtout lorsqu’on les compare à leurs homologues d’autres régions. A l’exception de la bourse de Johannesburg, la plupart des bourses africaines rencontrent toutes d’autres obstacles à leur croissance et développement comme le nombre insuffisant des sociétés autochtones, la faible dimension moyenne des sociétés, et les faibles taux de liquidité. Le nombre de sociétés dont les actions sont cotées est généralement faible et l’échange d’une ou de quelques valeurs seulement domine souvent l’activité boursière. 

Dans ses études sur les marchés de pays en développement, M. Ajit Singh, professeur d’économie à l’Université de Cambridge, a constaté que, même lorsque ces bourses jouent un rôle utile pour les entreprises en leur offrant accès à davantage de capitaux, l’économie des pays considérés n’y gagnait pas grand chose dans l’ensemble. En Afrique, les entreprises locales, qui sont généralement de taille petite ou moyenne, sont jusqu’à présent restées en majorité à l’écart des bourses, en partie parce qu’elles n’ont pas l’expérience et les ressources nécessaires pour émettre des actions, mais aussi parce que les administrateurs de ces sociétés craignent d’en perdre le contrôle s’ils les ouvrent au public. Mme Ndi Okereke-Onyiuke, administratrice de la bourse de Lagos au Nigéria, et actuellement dans la tourmente, car soupçonnée d’avoir organisé une levée de fonds en faveur de Barack Obama pour son profit personnel, déclarait récemment que beaucoup d’investisseurs préfèrent acheter des actions de sociétés de taille petite ou moyenne parce que leurs perspectives de croissance sont souvent plus favorables que celles de compagnies plus importantes. Elle exhorte aussi les petites sociétés à surmonter la crainte fréquente de perdre le contrôle de leur propre direction si elles émettent des actions et à reconnaître que les bourses aident les sociétés à grandir. 

En Afrique de l’Ouest, les Bourses essayent d’attirer davantage de sociétés en créant des marchés « hors-cote » et des marchés secondaires et tertiaires où les conditions d’inscription à la cote sont moins strictes. Elles s’intéressent aussi de plus en plus, et depuis peu aux programmes d’éducation et de promotion afin d’attirer davantage d’investisseurs. Par exemple, la bourse du Ghana a participé à des foires commerciales locales et régionales et offre des cours et séminaires concernant l’investissement sur le marché et la gestion des patrimoines individuels. En complément de ses annonces publicitaires dans la presse, à la radio et à la télévision locales et sur un site Internet, la bourse du Ghana finance un programme de radio. Les émissions visent à susciter l’intérêt du public pour la Bourse en expliquant aux auditeurs tout ce qui touche aux investissements et en organisant un jeu télévisé hebdomadaire dont le prix de 200.000 cedis doit être investi dans des actions que choisit le gagnant du jeu. Le débat sur la question de permettre aux étrangers d’acquérir des titres et actifs est encore d’actualité. Comme le soulignent certains experts, plus un pays intègre ses marchés financiers aux marchés mondiaux, plus il devient vulnérable aux effets de l’instabilité des capitaux. M. Singh recommande aux pays africains d’avoir pour souci premier d’encourager l’investissement étranger direct plutôt que de développer des bourses qui attirent des flux d’investissement à court terme. Il affirme que les bourses des pays en développement étant généralement moins bien réglementées et organisées que celles des pays développés, l’instabilité des capitaux y pose un risque accru. Rappelant les crises financières qui ont frappé de nombreux pays d’Asie et d’Amérique latine durant la dernière décennie, il soutient aussi que l’investissement de portefeuille, s’il portait sur des montants considérables, rendrait l’Afrique beaucoup plus vulnérable aux secousses d’origine nationale ou internationale. 

« Certaines personnes, loin d’ici, s’imaginent que la Sierra Leone, par exemple, est tout à côté du Ghana », se plaint M. Ernest Abankroh, Secrétaire de la société minière ghanéenne Ashanti Goldfields. Même la République démocratique du Congo est perçue par les investisseurs étrangers comme voisine du Ghana. Un incident survenant dans n’importe quel pays africain a des répercussions parmi les investisseurs. Tout en reconnaissant que les flux de capital étranger à court terme peuvent avoir un effet déstabilisateur,
les pays disposent de toute une panoplie pour se prémunir contre de tels risques en renforçant la réglementation de leurs marchés financiers, en améliorant la gouvernance de manière générale et en encourageant la cotation d’entreprises locales solides, bien gérées et compétitives. Logiquement, lorsque les entreprises affichent des performances satisfaisantes, on n’en retire pas les capitaux pour les investir sur d’autres marchés. 

Plus concrètement, le cœur du problème est à coup sûr, l’extrême faiblesse des revenus, qui fait que la plupart des Africains ne sont pas en mesure d’acheter des actions. Plus de 40 % des habitants du continent vivent avec moins d’un dollar par jour. En Afrique de l’Ouest, de 5 à 15 % de la population au maximum ont accès aux institutions financières de type classique et, dans ce groupe même, le nombre des personnes qui ont accès aux actions échangées dans les bourses est extrêmement limité. Les taux d’épargne de la région sont de loin les plus faibles du monde, avec une moyenne d’environ 13 % du PIB pour un pays africain typique. Au Ghana, par exemple, le montant total de l’épargne représentait seulement 12 % du PIB il y a dix ans, contre 17 % en 1960. Les Ghanéens qui disposent pourtant d’un revenu suffisant pour avoir accès aux institutions financières de type classique et aux investissements offerts préfèrent généralement investir leur épargne dans les titres d’Etat. Le gouvernement du pays émet de plus en plus de bons du trésor. Leur succès est facile à expliquer : dans un pays où les taux des prêts et dépôts bancaires sont très élevés, l’intérêt versé sur ces bons oscille chaque année autour des 40%, alors que les dividendes perçus sur les actions sont généralement de l’ordre de 5 à 10 %. Dans ces conditions, un investisseur rationnel n’hésite pas. 

Souvent complexe pour la majorité des occidentaux non initiés, le monde de la bourse et de la finance, en dépit de ces obstacles inhérents à l’Afrique, commence néanmoins à intéresser de plus en plus d’africains, qui se prennent au grand jeu de la spéculation. L’introduction récente en bourse de titres phares et populaires a opéré un virage intéressant.
A titre d’exemple, le nombre des actionnaires au Kenya a été multiplié par quinze, passant de moins de 50.000 en 2002 à 780.000 actuellement. La capitalisation boursière du Nairobi Stock Exchange (NSE) est ainsi passée d’un milliard de dollars en 2002 à 12 milliards de dollars aujourd’hui.  

Les dernières statistiques sont formelles. Les bourses africaines sont en bonne santé. Sur les cinq dernières années, elles ont affiché une progression de 210%, plaçant le continent au fronton des places financières mondiales les plus dynamiques. Des progressions encore plus significatives si on s’intéresse à une échelle nationale. La Cairo and Alexandria Stock Exchange (CASE), a connu une hausse de 51% en 2007, et ce pour la sixième année consécutive[2]. Les mille entreprises cotées sur le CASE totalisent une capitalisation boursière de 120 milliards de dollars, ce qui en fait la deuxième place boursière continentale après le Johannesburg Stock (JSE). Le 13 janvier dernier, l’indice phare, le Case 30 a franchi pour la première fois les 11 000 points depuis plus d’un siècle. Beaucoup moins importante, au marché des capitaux à la Bourse des valeurs du Mozambique (BVM), la capitalisation a atteint la somme de 400 millions de dollars avec ses dix-sept sociétés cotées. Son président, Jussub Nurmamad, s’en félicite. « Cela veut dire que ce montant n’a pas été dépensé dans la consommation, ce qui est considérable pour l’épargne ». 

Cette forte croissance boursière égyptienne n’est qu’un miroir de la grande tendance continentale. Si on les considérait comme une seule entité, les bourses africaines formeraient l’une des meilleures places au monde de ces quinze dernières années.  A quels critères convient-il d’attribuer ces performances ? Les analystes les associent en partie à une croissance économique rapide sur l’ensemble du continent. Le boom actuel des matières premières place l’Afrique sur des perspectives de croissance intéressantes[3]Plus intéressant encore, c’est la surprenante indépendance de ces places boursières face aux marchés internationaux. Alors que le doute va croissant sur les marchés financiers mondiaux, les indices boursiers africains continuent  de s’envoler. 

En seulement trois ans, la rentabilité affichée par les indices des quinze premières bourses africaines est de plus de 200 % ! Rien ne semblent ébranler cette spirale positive qui entraine l’Afrique, pas même la crise asiatique et l’éclatement de la bulle Internet ou la récente onde de choc créée par la crise des subprimes aux Etats-Unis. C’est une certitude, les pays du continent ont connu ces dernières années des taux de croissance élevés. L’explosion du prix des matières premières, partie pour perdurer, joue indéniablement un rôle déterminant dans cette bonne santé économique reflétée dans les indices. Le Johannesburg Stock Exchange (JSE), l’indice sud-africain, profite lui davantage du boom d’un secteur minier tout-puissant et qui représentait fin 2006 près de 31% de sa capitalisation boursière. L’introduction de la Ghana Oil Corporation soutiendra le marché d’Accra, déjà porté par l’engouement pour les valeurs agricoles et notamment du cacao. A Lilongwe, au Malawi, on bénéficiera de l’appréciation du prix du sucre et à Kampala, en Ouganda, de celui du café. Mais les places africaines ont aussi gagné en diversité sectorielle. La réforme des systèmes financiers a contribué à l’émergence d’acteurs solides et rentables comme les banques ou plus récemment les acteurs de la téléphonie mobile.  

En dépit d’une rareté de l’information, stratégique
ou comptable, d’une absence d’harmonisation réglementaire et d’insuffisantes liquidités, le climat des affaires est en train d’évoluer de manière rapide et positive en Afrique grâce à de nombreuses réformes. Plusieurs initiatives attestent d’ores et déjà d’une meilleure rationalisation. La création de la première Bourse régionale au monde, la BRVM[4] rassemblant les huit pays de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest, la possibilité d’inscriptions croisées sur les différentes Bourses de l’East African Community ou encore le projet de création d’une Bourse panafricaine autour du JSE sont autant de signes encourageants. L’ascension foudroyante de la Bourse sud-africaine, désormais à la 19e place mondiale par sa capitalisation et à la 36e par sa liquidité, devançant celles de Buenos Aires, Singapour, Tel Aviv et Mexico, confirme l’avantage offert par les marchés africains : une prime aux premiers entrants et aux investisseurs de long terme. Ca n’est d’ailleurs pas innocent si le Footsie (FTSE), un des indices principaux de la bourse de Londres a annoncé en juillet 2008 vouloir créer un nouvel indice financier panafricain dans les prochains mois. Un indice qui serait composé d’entreprises provenant de sept à huit pays africains, pour commencer, en évitant trop d’entreprises sud-africaines, qui pourraient fausser la réalité.
 

L’autre évènement de l’année, à une toute autre échelle, il a eu lieu au mois de juillet à la Bourse de Casablanca. C’est le premier opérateur immobilier et touristique intégré au Maroc, le groupe Alliances, qui s’est introduit pour un montant de 2 milliards de dirhams[5]. La bourse de Casablanca, l’une des plus actives du continent, enregistre chaque année, ce qu’il convient de nommer, une méga introduction. L’une des plus importantes ayant été celle de Maroc Télécom en 2004 pour 8,9 milliards de dirhams.[6] Le groupe marocain qui est parvenu en mai 2008 au sommet de l’African Investor 40, l’indice des quarante capitalisations boursières africaines. Un résultat d’autant plus remarquable alors qu’il fait face à des marges rétrécies, voire une croissance nulle dans la téléphonie fixe et internet, très concurrencée par le mobile. Malgré un accès souvent difficile et aussi complexe soit-il, le monde de la Bourse poursuit sa marche en avant sur le continent, et il semblerait que les africains y soient très sensibles. Les nombreux efforts effectués ces dernières années par les professionnels en tentant particulièrement  de changer les mentalités, et les grands projets à court ou moyen terme devraient ériger les Bourses africaines comme la nouvelle frontière de la finance internationale. 



[1] Programme des Nations Unies pour le développement

[2] Avec un record de +155% en 2005 

[3] Selon le FMI, les économies de l’Afrique subsaharienne pourraient connaître une hausse de 6,8% en 2008 contre 5,7% et 6,1% en 2006 et 2007. Des prévisions identiques à celles de la Banque Africaine de Développement qui table sur 6,5% de croissance du PIB. 

[4] Bourse Régionale de Valeurs Mobilières, basée à Abidjan 

[5] Plus de 176 millions d’euros 

[6] Près de 786 millions d’euros. 

Côte d’Ivoire, porte d’Afrique

24 juillet 2008

http://www.dailymotion.com/video/x681ig

CGE-CI

23 juillet 2008

CGE-CI

Confédération Générale des Entreprises de Côte d’Ivoire 

http://www.cgeci.org/

 

Projet MIRI

23 juillet 2008

Programme de renforcement des capacités en management du personnel des Directions Générales du Ministère de l’Economie et des Finances de Côte d’Ivoire.

Logo Miri

Afin de répondre aux exigences de la mondialisation et de la bonne gouvernance des pays, un projet ambitieux, mais qui se veut réaliste, a été initié par Monsieur le Ministre de l’Economie et de Finances au sein de son ministère (MEF) : renforcer les capacités managériales de la totalité de son organisation afin de mettre en place une culture du résultat dans toutes les Directions du Ministère, rétablir un niveau de qualité, d’éthique et de déontologie afin de restaurer la confiance et enfin « replacer l’Homme au cœur du système administratif » tant au niveau des collaborateurs du Ministère que des usagers, administrés et partenaires qui doivent être considérés comme de véritables Clients du Ministère.
Ce projet ambitieux est donc en une phrase : « Avoir une administration performante et crédible à visage humain

Les enjeux principaux d’un tel projet sont fondamentaux pour le pays de Côte d’Ivoire :

 Permettre une utilisation optimale des ressources financières rares du pays grâce à une meilleure performance d’ensemble du Ministère
 Etre un exemple positif pour ensuite décliner les bonnes pratiques de ce projet à toutes les administrations du pays et même à d’autres pays
 Permettre au Ministère, en ensuite aux autres administrations d’assurer pleinement leurs rôles de service public et d’aider ainsi à la cohésion civique du pays et à la satisfaction des contribuables qui réclament de plus en plus le respect de leurs droits

Management des servivces publics
Publié en 2008 le livre du Ministre Charles Koffi DIBY : « Management des services publics » souligne les principaux défis que doit relever l’administration Ivoirienne et ses managers mais met aussi en lumière les progrès déjà effectués qui sont sources d’espoir dans l’action et qui forment des pôles d’expertise utiles pour d’autres administrations.

24ème conférence des chefs d’Etats d’Afrique et de France

23 juillet 2008

La création d’une Université du coton, soutenue par la France et l’Union Européenne, contribuera à la nécessaire modernisation des filières.

communiqué final ….. 24ème conférence des chefs d'Etats d'Afrique et de France dans Agriculture / Business pdf communiqufinal.pdf

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